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Ressources pour préparer votre formation

Apprenez à connaître vos participant·e·s : Évaluation des besoins en formation

Pour préparer des formations pertinentes et appropriées, nous recommandons que vous fassiez une « Évaluation des besoins en formation » auprès de vos participant·e·s potentiel·le·s. En faisant cet exercice, les personnes formatrices apprennent à connaître leurs participant·e·s : leurs contextes, leurs attentes, leurs connaissances techniques et leur compréhension actuelle de la relation entre féminisme et technologie.

Il existe plusieurs façons de faire cette évaluation. Cela dépendra de votre lien avec les participant·e·s ainsi que du temps et des ressources disponibles. Voici trois façons de faire une Évaluation des besoins en formation :

  • L’évaluation idéale: Vous disposez de beaucoup de temps pour planifier votre formation. Vous êtes en contact avec les participant·e·s.
  • L’évaluation réaliste: Vous disposez de peu de temps pour planifier votre formation et vous avez un accès limité aux participant·e·s.
  • L’évaluation de base: Vous disposez de peu de temps pour planifier votre formation et vous n’avez pas accès aux participant·e·s.

Note: Il demeure important de commencer vos formations par un exercice où les participant·e·s peuvent nommer leurs attentes (Expression des attentes). L’évaluation des besoins en formation ne doit pas remplacer cet exercice. En ayant un moment d’Expression des attentes, cela permet de confirmer les besoins de formation que vous avez ciblés grâce à votre évaluation pré-formation.

L’évaluation idéale

  • Temps de préparation : Plus d’un mois
  • Questionnaire d’évaluation des besoins en formation (Annexe 1)
  • Questions d’entrevue (Annexe 2)

Dans ce scénario, vous avez beaucoup de temps pour planifier et préparer vos ateliers de formations. Vous avez le temps d’entrer en contact avec les participant·e·s (qui ont aussi le temps de vous répondre) puis de compiler leurs réponses.

Puisqu’il ne manque pas de temps dans ce scénario idéal, il contient trois étapes :

Questionnaire d’évaluation des besoins en formation

Dans ce questionnaire, vous trouverez des questions sur l’usage des technologies par les participant·e·s, sur leur compréhension des concepts technologiques féministes de la VBG en ligne, et sur leurs attentes quant à la formation. Avec ce questionnaire, vous aurez une meilleure compréhension des besoins et réalités de vos participant·e·s.

Entrevues de suivi avec les participant·e·s En vous basant sur les résultats du questionnaire, vous pourrez faire des entrevues avec les participant·e·s prévu·e·s. Idéalement, il faudrait le faire avec chacun·e d’elleux, mais si c’est possible faites le avec au moins 50% du groupe prévu. Les participant·e·s qui avaient les réponses les plus uniques/en dehors de la moyenne (c.-à-d. les personnes les plus expérimentées au niveau technologique tout comme les moins expérimentées; celles connaissant le plus la relation féminisme/technologie et les moins informées; ou celles qui nomment des attentes spécifiques quant à la formation) devraient être interviewé·e·s. Habituellement, ces entrevues durent environ 60 minutes.

Consultation des personnes organisatrices À cette étape, vous rencontrez les personnes organisatrices pour leur partager vos résultats et ce que vous planifiez faire lors de la formation. Il faut vérifier que votre plan correspond à leurs attentes et objectifs. Bien entendu, vous devez être en contact avec les personnes organisatrices tout au long du processus.

L’évaluation réaliste

  • Temps de préparation : Moins d’un mois
  • Utilisez le Questionnaire d’évaluation des besoins en formation (Annexe 1) OU les Questions d’entrevue (Annexe 2)

Ce scénario est beaucoup plus commun. Plus souvent qu’autrement, par manque de temps et de ressources, les formatrices·teurs ont moins d’un mois pour planifier leur formation.

Il faut alors raccourcir le processus d’Évaluation des besoins en formation. En consultant les personnes organisatrices, vous choisirez d’utiliser le Questionnaire d’évaluation des besoins en formation (Annexe 1) ou de faire des entrevues avec 50% des participant·e·s prévu·e·s (Annexe 2).

L’évaluation de base

  • Temps de préparation : Moins de deux semaines
  • Utilisez le questionnaire « Évaluer les besoins en formation en 10 questions » (Annexe 3)

Dans ce scénario, vous avez moins de deux semaines pour préparer et planifier la formation. Puisque vous avez peu de temps pour apprendre à connaître vos participant·e·s, vous pouvez distribuer le court questionnaire (Annexe 3) lorsque vous débutez l’atelier ou à l’entrée de votre atelier. Pour palier à ce manque, vous pouvez également faire d’autres exercices pendant votre formation comme : un moment d’Expression des attentes, l’exercice Spectre d’usage des technologies, ou le Mur des premières fois technologiques. Nous recommandons quand même d’utiliser « Évaluer les besoins en formation en 10 questions » (Annexe 3).

Ressources

Annexe 1 : Questionnaire d’évaluation des besoins en formation

Disponible ici en format .odt

Annexe 2 : Questions d’entrevue

L’objectif de ces entrevues est de raccourcir le processus entourant le premier questionnaire. Les questions d’entrevue abordent les mêmes sujets, mais avec moins de détails. Les entrevues devraient durer 60 minutes. Chaque groupe de questions dure environ 10 minutes.

  1. Parle-moi de toi. Ton organisation, ton rôle dans celle-ci. Où est-elle située? Tu travailles avec quelles communautés?
  2. Dans ton travail, fais-tu face à des défis/problèmes quant à l’utilisation de l’internet? Est-ce que les communautés avec qui tu travailles font face au même enjeu? De quelle façon? Comment toi et ta communauté abordez-vous ces enjeux?
  3. Quelles sont les applications que tu utilises le plus? Lesquelles utilises-tu pour le travail? Et pour ta vie personnelle?
  4. Quel appareil utilises-tu le plus? C’est quel genre d’appareil? Quel système d’exploitation est présent sur cet appareil?
  5. Quelles sont tes principales préoccupations par rapport à l’utilisation d’internet et de tes applications? As-tu l’impression que ces applications sont sûrs/sécuritaires?
  6. Peux-tu me nommer trois attentes que tu as par rapport à la formation?

Annexe 3 : Questionnaire «  Évaluer les besoins en formation en 10 questions »

  1. Nom, organisation, rôle dans l’organisation, description de ton travail.
  2. Tu travailles avec quelles communautés et quels sont leurs principaux enjeux?
  3. Depuis combien de temps utilises-tu l’internet?
  4. Quel système d’exploitation utilises-tu le plus?
  5. Tu possèdes quel type de téléphone portable?
  6. Quelles applications utilises-tu le plus?
  7. Quelles sont tes trois principales préoccupations liées aux technologies et à l’internet?
  8. Nomme trois outils/pratiques/tactiques de sécurité numérique que tu utilises.
  9. Selon toi, quels sont les trois principaux enjeux entourant le féminisme et la technologie?
  10. Qu’est-ce que tu veux apprendre dans cette formation?

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Outils d'évaluation de la formation

Pourquoi cette évaluation?

  • Pour que votre formation soit meilleure la prochaine fois.
  • Pour assurer un suivi avec les participant·e·s en lien avec les objectifs d’apprentissage des activités.

Processus

Faire un retour « +/-/delta » : Cette méthode simple permet aux personnes participantes et formatrices de faire un retour sur les ateliers et la formation. Nous suggérons de faire cet exercice à la fin de chaque journée de formation, que celle-ci soit étendue sur plusieurs jours ou non. La méthode doit être simple car après une journée d’atelier les gens sont plus fatigués et perdent leur capacité de concentration. L’exercice se fait rapidement et les participant·e·s choisissent de partager leurs commentaires ou non.

Demandez à chacun·e de partager les éléments qui étaient bons (+)mauvais (-) et ceux à améliorer (delta) dans les ateliers.

Tout dépendant du temps et des ressources dont vous disposez, les participant·e·s peuvent écrire leurs réponses sur papier pour les remettre aux personnes animatrices. Vous pouvez aussi faire un tour de table où chaque participant·e partage ses commentaires à voix haute pendant qu’une animatrice les prend en note.

Lorsque tout le monde a partagé ses réflexions, les personnes animatrices se rassemblent et partagent leurs propres commentaires « +/-/delta ». En prenant en compte tous ces commentaires, vous pouvez :

  • Faire une liste des apprentissages pour les partager avec d’autres personnes formatrices.
  • Ajuster votre atelier et les autres que vous ferez.
  • Préparer un suivi avec les participant·e·s.

Suivi une semaine plus tard : Faites un suivi avec les hôtes et les participant·e·s pour leur partager toutes ressources liées à votre formation (guide d’animation, diapositives, documents, etc.). C’est aussi l’occasion de partager vos réflexions post-ateliers et les informer sur les prochaines étapes.

Suivi trois mois plus tard : Faites un suivi avec les hôtes et les participant·e·s pour les questionner sur l’impact de la formation. C’est une bonne occasion de vérifier si des outils et nouvelles pratiques ont été mises en place ou encore si leurs stratégies ont été revisitées, suite à votre formation.


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Intersectionnalité et inclusivité


« Il n’y a pas de lutte à enjeu unique puisque nous ne vivons pas des vies à enjeu unique. » – Audre Lorde

Qu’est-ce que l’intersectionnalité?

L’intersectionnalité est un cadre d’analyse qui reconnaît que les multiples facettes de l’identité (comme la race, la caste, le genre) affectent nos vies et nos expériences en plus de constituer et complexifier les oppressions et formes de marginalisation.

Prenons un exemple concret pour mieux comprendre l’intersectionnalité : entre 25% et 50% des femmes subissent de la violence basée sur le genre au cours de leur vie. Mais ce pourcentage général ne montre pas comment les oppressions multiples affectent cette violence. Les femmes racisées sont plus susceptibles de vivre ces violences basées sur le genre que les femmes blanches. Le privilège de classe permet également à certaines femmes de vivre moins de ces violences. Les femmes bisexuelles sont beaucoup plus susceptibles de vivre des violences sexuelles que les autres femmes. Les personnes trans sont beaucoup plus sujettes à subir des violences haineuses que les personnes cis. Bref, toutes les femmes sont à risque de subir des violences genrées, mais certaines le sont beaucoup plus.

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Comment appliquer l’intersectionnalité dans nos espaces de discussion?

Lorsque nous avons des privilèges (blanc, hétéro, cis, sans handicap), nous pouvons avoir de la difficulté à bien inclure des groupes opprimés dans notre féminisme. C’est pourquoi c’est important de travailler à créer des espaces inclusifs et respectueux, où les expériences de toutes les femmes sont reconnues et comprises. Voici 5 conseils à garder en tête lorsqu’on veut créer des discussions intersectionnelles et inclusives.

  1. Introspection et reconnaître ses privilèges: Examiner nos privilèges est un travail difficile mais crucial dans le féminisme intersectionnel. C’est important de se regarder soi-même et de prendre le temps d’apprendre sur les enjeux et identités qui ne nous affectent pas personnellement. Être privilégié·e ne veut pas nécessairement dire que notre existence opprime une autre communauté, mais ça veut dire qu’il y certaines expériences que nous n’avons pas à subir à cause de notre identité.
  2. Décentrer notre perspective: C’est important de comprendre que le féminisme est plus qu’une lutte pour mettre fin au sexisme : c’est une lutte pour mettre fin aux systèmes d’oppression qui s’entrecroisent et affectent les femmes de différentes manières. Nos privilèges nous permettent de prendre certaines choses pour acquis. Les personnes valides ou sans handicap ne remarquent pas toujours le capacitisme et c’est la même chose avec les personnes blanches et le racisme. Il faut faire un effort conscient et éviter de centrer notre féminisme sur nous-même ou sur les personnes privilégiées.
  3. Être à l’écoute: Lorsque par rapport à des enjeux féministes nous sommes en situation de privilège, c’est crucial d’écouter les expériences des femmes directement concernées par ces enjeux. Notre féminisme n’est pas cohérent si nous ne sommes pas en position d’écoute face aux différentes expériences d’oppression des femmes. Donc, si vous êtes une féministe blanche, assurez-vous de ne pas étouffer les paroles des personnes racisées.
  4. Faire attention aux mots qu’on utilise: En tant que féministe non-musulman·e, évitez de dire des choses comme « Ça doit être chaud au soleil avec un voile ». Lorsqu’on suppose que toutes les femmes ont un vagin, en disant #PussyPower par exemple, on exclue les femmes trans de la conversation. Ce sont deux exemples des multiples manières par lesquels nos choix de mots peuvent stigmatiser des femmes. C’est toujours bien de se regarder et d’être attentive·if·s à nos façons de parler des femmes qui ne nous ressemblent pas ou qui ont des vies bien différentes de la nôtre.
  5. Être prêt·e à faire des erreurs et à les réparer: Adopter une approche intersectionnelle n’est pas une démarche facile. Parfois, malgré nos efforts sincères d’inclusivité, il nous arrive de nous tromper et d’être dénoncé·e·s (called out) pour nos erreurs. Lorsqu’on reçoit un call out pour nos erreurs, il faut éviter d’être sur la défensive. Plutôt, il faut reconnaître que ça ne définit pas notre valeur en tant que personne, s’excuser puis modifier notre comportement pour ne pas répéter la même erreur.
  6. Reconnaître les savoirs de chaque personne: En reconnaissant que chaque personne a quelque chose à apporter aux discussions, ça permet au groupe de se rapprocher. Ça remet aussi en question l’idée que certaines personnes en savent plus que les autres. En réalité chaque personne en connaît un peu plus que d’autres sur certaines choses. Quand on apprend les un·e·s des autres (c’est ainsi que les activités de nos modules ont été conçues), l’expérience est plus enrichissante pour tout le monde.

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Ressources supplémentaires

 

Aménagement d’un espace d’échange sain


Les discussions sur les violences basées sur le genre peuvent provoquer des réactions différentes selon l’expérience personnelle et les privilèges des participant·e·s. Voici quelques conseils à avoir en tête lorsqu’on discute de ces enjeux sensibles.

1. Les participant·e·s n’ont pas tous·tes les mêmes privilèges

Bien que les modules de ce programme offrent plusieurs activités et ressources, n’oubliez pas que, pour plusieurs, ces discussions ne sont pas que des exercices intellectuels ou théoriques. Les personnes vivant de la discrimination ou qui ont vécu des violences vivent possiblement avec des marques psychologiques.

2. L’importance des avertissements de contenu (Trigger Warnings)

Les avertissements de contenu ou Trigger Warnings (TW) permettent aux personnes vivant des discriminations et violences de mieux se préparer à la discussion et de gérer leurs réactions potentielles. Pour qu’un avertissement de contenu soit efficace, il doit être spécifique, sinon il pourrait référer aux troubles alimentaires comme à l’intimidation. C’est pourquoi on fait nos avertissements en spécifiant les sujets possiblement (re)traumatisants. Par exemple, avant d’entamer une discussion sur la violence conjugale, on devrait dire quelque chose comme : « Je dois vous avertir que dans la discussion qui va suivre, on va aborder le viol, l’abus et les violences conjugales. Si la discussion déclenche chez vous des traumatismes, sachez qu’il y a des ressources pour vous soutenir. » Cela aide les personnes qui ont besoin de ces avertissements à se préparer mentalement aux discussions. Pour les autres, ça permet de les sensibiliser au fait que ces discussions peuvent être difficiles pour plusieurs personnes.

3. Ne forcez personne à partager leur expérience

Forcer une personne à parler d’un événement sensible ou traumatisant, c’est forcer la personne à revivre ce moment et toutes les émotions négatives qui viennent avec. Tout le monde n’est pas prêt·e à partager ces expériences difficiles. Laissez plutôt les personnes s’ouvrir elles-mêmes, en leur donnant du temps et de l’espace pour explorer leurs traumatismes.

Comment soutenir une personne vivant un déclencheur

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Parfois, même lorsqu’on prend les meilleures précautions possibles, des personnes peuvent vivre des déclencheurs, qui sont spécifiques aux individus. Voici comment on peut soutenir une personne revivant un traumatisme déclenché par une discussion.

1. Reconnaître

Reconnaissez que votre activité et son contenu pouvaient être blessants pour la personne.

2. S’excuser

Excusez-vous pour vos propos ayant blessé la personne. Lorsqu’on présente des excuses, c’est important de se rappeler que ce n’est pas à propos de nous. Évitez de vous justifier ou de défendre vos paroles ou actions. Soyez sincères dans vos excuses : ce n’est pas personnel.

3. Avoir de l’empathie

Ayez de l’empathie en essayant de comprendre pourquoi la personne a été blessée. Soyez activement à l’écoute de cette personne.

4. Rectifier le tir

Poursuivez la discussion en évitant de reproduire le déclencheur. Rappelez-vous qu’une personne vivant un déclencheur peut perdre temporairement sa concentration, même si elle tente de rester concentrée. Laissez les personnes quitter l’espace de discussion si cela les rend inconfortables. Assurez-vous que ces personnes puissent avoir du soutien. Il est suggéré d’avoir un·e professionnel·le de la santé mentale disponible pendant vos événements.

Si un·e professionnel·le n’est pas présent·e pour vos activités, voici quelques ressources pour vous aider à soutenir une personne vivant un déclencheur :

 


Pratiques et politiques féministes de la technologie


Nos pratiques et politiques féministes de la technologie (PFT) englobent une perspective critique ainsi qu’une analyse de la technologie. Ils remettent en question et définissent plusieurs enjeux liés aux technologies à partir de perspectives féministes. Ils prennent donc en compte les réalités multiples des femmes, les relations qu’ont les femmes avec les technologies, la participation des femmes dans le développement des technologies et des politiques en la matière, les dynamiques de pouvoir dans les technologies et une analyse féministe des impacts sociaux des technologies.

Les PFT définissent notre approche en matière de formation. Ce sont les valeurs fondamentales qui composent la formation féministe en technologie. Ils sont basés sur l’expérience des femmes et féministes dans le milieu de la formation technologique.

Les PFT sont en constante évolution. Leurs définitions peuvent changer et évoluer à travers la pratique, les discours et les expériences, mais aussi parce que les politiques et les contextes changent.

Les PFT reconnaissent et prônent l’idée que les pratiques féministes de la technologie ne peuvent être dépourvues d’une perspective et d’une analyse féministes de la politique en matière technologique.

Les PFT voient les technologies de deux façons. D’abord, la technologie a transformé les enjeux concernant les femmes en plus d’en créer de nouveaux. D’un autre côté, la technologie fournit de nouvelles solutions et de nouvelles approches pour aborder les questions touchant les femmes. Les PFT fondent les nouvelles technologies sur les enjeux concernant les femmes. Ils remettent en questions comment les réalités des femmes influencent la façon dont les technologies sont développées, utilisées, appropriées et dont on en tire profit, ainsi que la manière dont les technologies changent les réalités des femmes. Les PFT permettent aussi d’examiner les technologies d’un point de vue stratégique et créatif, en évaluant comment elles peuvent être développées et appropriées pour soutenir et faciliter les mouvements de défense des droits des femmes.

Les PFT ne définissent pas les conclusions ou les enjeux. Ils nous amènent plutôt à poser des questions et soulever des problèmes en explorant et examinant les technologies à partir de perspectives féministes.

Voici quelques-unes des questions que les PFT nous amènent à poser :

  • Comment le contenu généré par les utilisatrices·teurs (facilité par l’internet) a changé la représentation des femmes dans les médias?

  • Quels sont les nouveaux moyens et espaces d’autonomisation pour les femmes sur l’internet?

  • Comment les questions relatives aux femmes ont-elles changé en raison de nos cultures de plus en plus axées sur la technologie?

  • Est-ce que les communications en ligne sont sécuritaires pour les femmes?

  • Qui contrôle les technologies?

  • Comment les activistes pour les droits des femmes peuvent-elles bénéficier des nouvelles technologies?

  • Que signifie avoir le « contrôle sur la technologie »?

En tant qu’approche en matière de formation, les PFT ont des valeurs fondamentales qui définissent la « formation technologique féministe ». Celles-ci sont issues de l’expérience des formatrices FTX en tant que participantes et animatrices de formations technologiques. Pour la plupart, elles reflètent les valeurs qui définissent déjà la « formation féministe » en général. Néanmoins, les valeurs fondamentales présentées ici sont pertinentes spécifiquement dans les contextes de formation technologique.

Les valeurs fondamentales d’une formation technologique féministe sont les suivantes :

Participative et inclusive

La formation féministe reconnaît que la personne formatrice a autant à apprendre des apprenantes que celles-ci ont à apprendre d’elle et des autres apprenantes. C’est pourquoi les formations sont organisées afin d’encourager les échanges et les discussions.

La formation féministe englobe plusieurs façons d’apprendre et de communiquer et s’accommode aux différents styles d’apprentissage.

La formation féministe tient compte des différences d’opinions, d’expériences et de contextes. Dans la formation féministe, on ne présume pas que toutes les participantes viennent du même milieu. La formation féministe doit donc être flexible pour bien s’adapter aux différences.FPI-stand.png

Sûre

La formation féministe est un espace où chaque participante se sent en sécurité. D’abord, elles doivent se sentir en sécurité dans leur apprentissage en sachant qu’elles peuvent poser des questions, soulever des enjeux et divulguer des informations qui ne seront pas rejetées, rabaissées ou divulguées sans leur consentement. Ensuite, elles doivent se sentir en sécurité dans leur compréhension des technologies. Les participantes doivent connaître les (possibles) risques de certaines technologies (i.e. les notions de vie privée sur les sites de réseaux sociaux, les questions de sécurité liées à l’utilisation d’internet pour publier du contenu alternatif, etc.).

Ancrée dans les réalités des femmes

La formation féministe devrait être basée sur les besoins et les réalités des femmes participantes. C’est pourquoi les technologies présentées doivent être appropriées et pertinentes pour le groupe en formation. Les discussions entourant les technologies doivent aussi prendre en compte les différents contextes des participantes.

Avec des technologies accessibles et durables

La formation féministe doit donner la priorité aux technologies que les participantes peuvent appliquer, s’approprier et utiliser après la formation pour leur travail.

Les logiciels libres et à code ouvert seront prioritaires, mais seulement si les participantes peuvent continuer à les utiliser après la formation.

Transparente et ouverte

Les formatrices féministes sont conscientes qu’elles ont leurs propres objectifs de formation et elles les font connaître à leur groupe participant. Cela signifie qu’il faut mettre en place des processus où les attentes des participantes et des formatrices sont négociées et décidées conjointement.

Créative et stratégique

La formation féministe est une occasion d’examiner les technologies de manière stratégique et créative afin de se les approprier en fonction du contexte des participantes.

En soulignant le rôle des femmes dans les technologies

La formation féministe souligne la contribution des femmes au développement et à l’utilisation des technologies ainsi qu’à l’élaboration des politiques en matière technologique. Des femmes comme Ada Lovelace et bien d’autres qui ont contribué de manière significative aux technologies sont de grands modèles, en particulier pour les participantes qui peuvent avoir des craintes face aux technologies.

De plus, cela contribue à corriger le manque de représentation des femmes dans l’histoire de la technologie.

Pour que les femmes se réapproprient les technologies

La formation féministe n’a pas peur d’aborder les aspects plus profonds des technologies (comme leur développement/conception ou l’élaboration des politiques) et l’accent doit être mis sur le « contrôle » et la pleine compréhension du fonctionnement des technologies (et pas seulement sur leur utilisation).

En ayant du plaisir!

La formation féministe devrait être un espace où les femmes peuvent s’amuser avec la technologie, afin d’éliminer les obstacles qui affectent les relations des femmes avec les technologies et le contrôle qu’elles ont sur les technologies.

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Principes féministes de participation


Ce document a été développé par le Programme des droits des femmes de l’APC (mieux connu sous le nom de WRP APC) comme un guide pour nous-mêmes et nos partenaires qui organisent des événements d’apprentissage et de renforcement des capacités, tels que les campagnes Réapproprie-toi la technologie (Take Back the Tech), les échanges féministes sur les technologies (FTX – Feminist Tech eXchanges) et les événements autour des Principes féministes de l’internet. Vous pouvez trouver une version pdf de ce document ici (en anglais) ou le site ici.

Nous l’avons produit dans un esprit de collaboration et de partenariat afin d’encourager la création d’espaces – en ligne et hors ligne – féministes, sécuritaires et amusants pour tous·tes, ainsi que pour promouvoir et maintenir des principes de diversité, de créativité, d’inclusion et de plaisir. Nous sommes issues de nombreuses communautés, cultures et croyances et nous formons une belle diversité de réalités physiques, sociales et psychiques. En créant des espaces sûrs, amusants et attentionnés, nous permettons une participation engagée, un apprentissage plus approfondi et la possibilité de développer des mouvements sociaux dynamiques, réactifs et sensibles au bien-être.

  • Créer un espace sûr pour toutes les personnes participantes.

  • Respect

  • Collaboration et participation.

  • Reconnaître et valoriser la diversité.

  • Respecter la vie privée des personnes participantes.

  • Reconnaître la diversité des langues.

  • Gérer les désaccords de manière constructive.

  • Intégrer la politique et la pratique du self-care et du bien-être collectif.

Les principes en action

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Créer un espace sûr pour toutes les personnes participantes

Dans la mesure du possible, apprenez à connaître vos participant·e·s avant la formation (en faisant un sondage en ligne par exemple). Demandez quels sont leurs besoins spécifiques, notamment en matière d’accessibilité physique, de besoins alimentaires particuliers, de peurs spécifiques liées au voyage ou des besoins en matière de sécurité. Idéalement, on devrait choisir un lieu lumineux et aéré, calme, libre de quelconque surveillance ou de toute interférence par des non-participant·e·s. Pendant l’événement, encouragez doucement les participant·e·s à s’ouvrir sur des sujets qui peuvent leur causer de la détresse. Faites-le avec douceur et bienveillance. Invitez-les également à prendre la responsabilité d’avertir les animatrices·teurs si iels se sentent mal à l’aise.

Respect

Au début de l’événement, prenez un moment avec les participant·e·s pour vous entendre sur ce qui est nécessaire afin de créer un environnement respectueux et accueillant. Encouragez une écoute active et profonde – c’est-à-dire que nous nous accordons toute notre attention les un·e·s aux autres. Reconnaissez comment nos privilèges nous permettent de prendre des choses pour acquis : par exemple, les personnes sans handicap ne remarquent pas toujours le capacitisme, les personnes blanches ne remarquent pas toujours le racisme.

Collaboration et participation

En tant que personnes formatrices/animatrices, soyez bien préparées, ouvertes et conscientes de votre programme pour l’événement. Soyez transparentes avec les participant·e·s sur vos objectifs. Prévoyez un moment où les personnes participantes et formatrices peuvent exprimer, négocier et s’entendre sur leurs attentes. Vous pourriez, par exemple, former des plus petits groupes si certaines personnes ne sont pas à l’aise en grands groupes. Ancrez les apprentissages dans les réalités vécues par les femmes et utilisez des méthodologies qui priorisent les voix et expériences des participant·e·s. Reconnaissez que chaque personne contribue aux apprentissages du groupe.

Reconnaître et valoriser la diversité

Reconnaissez les différents niveaux de privilèges dans la salle ainsi que les multiples identités présentes. Assurez-vous que l’intersectionnalité ne pousse pas les gens à se sentir plus exclu·e·s ou différent·e·s. L’intersectionnalité doit plutôt encourager une mobilisation des diverses identités et expériences et ainsi créer une opportunité d’apprentissage, d’échange et d’enrichissement de l’espace. Aidez les gens à reconnaître qu’une discussion sur le capacitisme ou le racisme ne vise pas nécessairement les personnes sans handicap ou blanches présentes comme autrices de discriminations. Encouragez plutôt les gens à écouter, penser et explorer la notion de discrimination systémique.

Respecter la vie privée des personnes participantes

Demandez le consentement des personnes présentes par rapport à la prise de photos, aux citations directes de leurs propos ou de leur matériel (pour les réseaux sociaux, la documentation, etc.). Prenez une décision collective sur l’usage (ou non!) des réseaux sociaux. Co-développez une entente sur la vie privée pour l’événement. Si des discussions sur des enjeux sensibles (comme la violence basée sur le genre, le racisme, l’homophobie ou la transphobie) ont lieu, reconnaissez que certaines personnes ne sont pas prêtes à en discuter. Ne poussez pas des discussions à propos d’expériences personnelles si cela cause de la détresse. Assurez-vous qu’il y ait toujours une personne formée pouvant soutenir les personnes ayant vécu un traumatisme.

Sensibilité à l'égard des mots utilisés et respect de la diversité des langues

Reconnaissez les langues de toutes les personnes participantes et offrez la traduction/l’interprétation dans la mesure du possible. Établissez une règle comme quoi chaque personne devrait parler clairement et lentement et que tout le monde devrait se sentir à l’aise de demander la signification d’acronymes ou de termes incompris. Demandez aux personnes de penser au langage qu’elles utilisent et de ne pas employer des termes qui pourraient être offensants ou opprimants. Invitez les participant·e·s à dire ouvertement lorsqu’iels se sentent offensé·e·s et voyez cela comme des opportunités d’apprentissage. Le contenu de votre formation pourrait inclure des termes technologiques ou un niveau de langage considéré académique ou nouveau pour les participant·e·s. Remettez en question la tyrannie des termes technologiques! Rendez votre contenu accessible et intriguant et concentrez-vous sur l’objectif principal : se réapproprier les technologies et permettre une compréhension globale des technologies et de leur fonctionnement.

Gérer les désaccords de manière constructive

Agissez de façon juste, honnête et de bonne foi avec les autres participant·e·s. Encouragez l’empathie et prenez le temps de rectifier tout désaccord, mot ou comportement inconfortables ou blessants. Créez une atmosphère d’ouverture et aménager un espace pour des excuses et/ou des explications, si nécessaire.

Intégrer la politique et la pratique du bien-être personnel et collectif

Reconnaissez que le self-care est différent pour chaque personne et qu’il dépend de qui nous sommes et où nous nous situons dans nos vies et nos contextes. Le bien-être personnel et le soin collectif s’influencent mutuellement. Pour relâcher les tensions ou l’anxiété, prenez du temps pour que les personnes puissent respirer, connecter avec leurs corps et leurs cœurs à travers des rituels ou des pratiques corporelles. En tant que gardien·ne·s de l’espace, soyez en conscient·e·s et tentez d’éliminer tout stress dans la salle afin que les gens puissent participer pleinement au collectif. Invitez les participant·e·s à suggérer des pratiques de self-care et de bien-être.

Nous encourageons les gens à lire la politique d’APC sur le harcèlement sexuel, disponible ici (en anglais).


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